Le détroit de Gibraltar

Nous nous levons tôt, 5h30, pour profiter de la marée haute et espérer avoir les courants favorables au passage du détroit. Nos calculs s’avéreront inexactes, cependant, et nous subiront 3 à 4 noeuds de courant dans le pif. Heureusement un vent puissant, venant de l’Est, nous poussera jusqu’aux portes de l’Atlantique. Le passage du détroit est tel que nous l’imaginions. Les géants des mers, porte-conteneurs et autres pétroliers, s’imposent dans un sens comme dans l’autre et nous devons être vigilants. La mer est grosse et les lames des déferlantes viennent s’écraser contre la coque de Williwaw. Le ciel est chargé de lourds nuages gris et nous voyons de nombreux grains sévirent à l’horizon.

Mais dans ce décor de fin de tempête, un immense banc de dauphins vient jouer dans les vagues de notre étrave. Plusieurs dizaine d’individus de toutes tailles nous saluent et nous souhaitent bon vent dans l’Atlantique. Nous apercevrons même, à quelques mètres de nous, un rorqual qui nous sembla en difficulté. Nous n’avons pu que lui souhaiter de rejoindre l’océan en toute sécurité, les incidents provoqués par les gros bateaux étant si courants…

Et puis la pointe la plus sud de l’Europe fut dépassée, l’Atlantique s’ouvrit alors devant nous et une houle longue et solide nous accueillit comme si l’Ocean devait marquer sa frontière avec la petite Méditerranée.

La dépression derrière nous, nous entrâmes confiants dans la grande Atlantique, pas peu fiers d’avoir survécu à cet emblématique passage du détroit de Gibraltar.